Que faire à la maison ? Une alternative aux devoirs

Le but de la pédagogie Montessori est d’aider l’enfant tant sur le plan scolaire, que dans toutes les tâches de la vie, à devenir un futur adulte indépendant, compétent et « bien dans ses baskets ». Et pour cela, les parents ont un rôle primordial à jouer en parallèle de l’école.

 

Afin de donner quelques pistes, revoyons tout d’abord qui est cet enfant dont nous allons parler :
L’enfant du second plan de développement (de 6 à 12 ans) veut comprendre la société, faire partie d’un groupe et se tourne vers le collectif. Il a une grande curiosité intellectuelle, et se pose plein de questions. Cet enfant, par toutes les expériences vécues à cet âge, développe son sens de la morale et de la justice dans les différents groupes auxquels il participe. En bref, votre enfant cherche à s’investir !

Alors à la maison, plutôt que des devoirs, voyons comment nous pouvons transformer les exercices académiques classiques en activités qui soutiennent les besoins des enfants et qui mettent en application les apprentissages vus à l’école.

 

Les activités qui seront proposées sont complémentaires à celles du travail scolaire.
Elles se regroupent sous forme de jeux ou de tâches ménagères à faire à la maison ou à l’extérieur.

 

Vie pratique et tâches du quotidien

 

Le matériel de Vie Pratique du 3-6 ans n’est plus présent en classe, mais les gestes s’appliquent concrètement, dans la vie quotidienne. Ils viennent maintenant en soutien à une participation active de l’enfant dans son environnement : mettre la table et la débarrasser, passer le balai, plier le linge, presser une orange, coudre des boutons, ...

 

Apportons-leur ces expériences dès leur plus jeune âge !
Il est primordial de leur montrer étape par étape comment faire et leur mettre à disposition le matériel adéquat. Cela permet un moment privilégié parent/enfant pendant lequel l’adulte montre l’exemple. Les enfants seront beaucoup plus volontaires à cet âge-là, surtout s’ils ont envie de ce moment de partage avec vous.
De plus, pourquoi attendre qu’ils soient de jeunes adultes pour leur apporter certaines connaissances pratiques. Ils avanceront ainsi dans la vie active avec un set de compétences bien ancré et ils pourront focaliser leur énergie sur des situations nouvelles et non pas sur l’apprentissage de la cuisine ou comment faire une lessive.

 

En quoi ces activités participent à la construction des compétences votre enfant

 

Les tâches du quotidien renforcent le développement physique.
Les enfants cherchent à se renforcer musculairement et à maitriser leur motricité fine et globale. Par exemple, aller chercher des bûches de bois pour la cheminée et laver la voiture aide à la motricité globale et plier le linge et arracher les mauvaises herbes renforcent la motricité fine

et la force des doigts. Ces activités font bouger l’enfant de différentes manières et l’encourage à un mouvement constructif. Cela permet d’avoir un effort engagé, et de dépenser de manière positive son énergie.

 

Les tâches ménagères sont un pas de plus vers le développement de l’autonomie et de l’indépendance. Quoi de mieux pour les exercer à la responsabilité que de leur donner des tâches simples au départ, puis de plus en plus complexes au fur et à mesure que leurs compétences se développent et le leur permettent. Par exemple, prendre soin des plantes ou d’un animal.

Apprenons aux enfants à faire par eux même : cela leur permettra de gouter au plus porteur des sentiments, la fierté. Quelle émotion pour eux que de prendre part à la vie de famille et se sentir utile et valorisé dans ce rôle de contributeur. D’autant plus que cela leur donnera ensuite l’envie de recommencer pour le plaisir de contribuer ! L’impact sur l’estime de soi est immense.

 

Le gout à l’effort se met petit à petit en place. La participation au collectif familial et l’expérimentation positive et gratifiante grâce à ces actions donnent envie à l’enfant de s’investir et de persévérer.
C’est offrir une belle opportunité de pouvoir développer la volonté et la résilience chez l’enfant. Par exemple de passer le balai dans la maison afin de garder une certaine hygiène ce n’est pas forcement plaisant mais nécessaire. C’est une dynamique qui se retrouve dans les apprentissages scolaires. Je n’aime pas forcement apprendre mes conjugaisons, mais elles me seront nécessaires pour la suite de mon parcours.

Si cette démarche psychologique est là, ce sera un gain d’énergie et une dynamique positive pour affronter certaines situations auxquelles l’enfant sera confronté et réaliser que la finalité est importante. Cela les entraine à se projeter à moyen/long terme.

 

Leur donner des missions soutient également leur apprentissage de gestion du temps et le travail séquentiel. Savoir quand commencer et aller jusqu’au bout d’une tâche est une compétence qui se développe avec l’entrainement. Et c’est un élément clé afin d’avancer dans une dynamique proactive pour les apprentissages à l’école par la suite. Cela demande de la pratique, de la réflexion et de la concentration que de se fixer un but et suivre des étapes sans s’égarer ; ça demande aussi de l’organisation pour penser à tous les outils nécessaires par exemple.

De plus, aborder des situations variées permet de voir différentes manières de résoudre des problèmes avec des schémas qui pourront être repris ensuite. Avec le temps, votre enfant se construira ainsi un ensemble de raisonnements et d’idées qui l’aideront lorsqu’il sera dans une situation similaire. Toutes ces opportunités de réflexion à la résolution d’une problématique soutiennent le développement de la logique pour les raisonnements scientifiques à l’école.

 

L’exercice de ces tâches est une aide à la concentration. Chaque fois qu’un enfant se concentre sur une tâche, quelle qu’elle soit, son cerveau s’entraine un peu plus à rester absorbé par ce qu’il fait. Le cerveau fonctionne de la même manière qu’un muscle à renforcer. Cette gymnastique aide grandement à la concentration ensuite à l’école. C’est une compétence extrêmement précieuse pour pouvoir aller vers des apprentissages évolutifs, aller au bout d’un travail et qui aide à la compréhension des concepts présentés à l’école.

 

Faire vivre ces expériences aux enfants permet le développement du langage et de la communication. Un vocabulaire nouveau peut être apporté, complémentaire à celui de l’école. En plus d’être une opportunité d’expression, c’est aussi une occasion de s’entrainer à comprendre des instructions dans des contextes divers.

 

Pour prendre un exemple personnel, étant plus jeune, je n’avais pas appris à passer un appel téléphonique. Je me souviens encore aujourd’hui du malaise et du stress que cela m’a procuré lorsque, pour la première fois, on m’a dit de me débrouiller pour prendre mon rendez-vous. Je n’avais aucune idée par quelle information commencer. Personne ne me l’avait expliqué. Passer un appel téléphonique et connaitre les conventions qui vont avec, ce sont des procédures à apprendre. Donner ces codes-là aux enfants dès leur plus jeune âge leur sera d’une grande aide.